L'archipel du Dodécanèse près de la côte de la Turquie |
En 1309, c'est l'ordre des chevaliers de Saint Jean qui domina les îles de l'archipel puis en 1522, elles furent envahies par les turcs qui restèrent maîtres des îles jusqu'en 1912 lorsqu'elles furent conquises par les italiens. Ce n'est qu'en 1948 que les îles du Dodécanèse revinrent sous juridiction grecque.
Le Dodécanèse est un
territoire particulièrement intéressant pour la voile et ce, pour
plusieurs raisons. D'une part, les distances à franchir entre les
îles ne sont pas trop grandes, laissant tout le temps pour visiter à
terre et se baigner et, d'autre part, elles ne subissent que rarement
le terrible vent du nord, le meltemi, qui souffle parfois plusieurs
jours durant à plus de 40 nœuds dans les Cyclades. De plus, les
îles du Dodécanèse présentent beaucoup d'intérêt historique, ce
qui ne gâche pas la sauce ! Ajoutez à cela une cuisine grecque
savoureuse, des gens accueillants à souhait, un climat exceptionnel
(zéro nuage de juin à août, du soleil, rien que du soleil) et
vous aurez là tous les ingrédients d'une vacance à la voile
exceptionnelle !
Nysiros
Le cratère du volcan de Nysiros |
C'est
depuis le minuscule village de Pali que nous visitons Nysiros.
D'abord Mandraki, la ville principale toute coquette avec ses maisons
fraîchement blanchies à la chaux et son monastère qui domine la
ville. Réal retrouve avec plaisir une des vieilles dames toutes
vêtues de noir (signe qu'elle est veuve) qu'il avait l'habitude de
croiser et de saluer à chacune de ses visites à Mandraki. Elles
étaient trois qui étaient toujours assises au même endroit,
discutant à l'ombre, assises sur des chaises droites. Maintenant, il
n'en reste qu'une, 92 ans... on n'a pas osé demander ce qu'il était
arrivé aux deux autres...
Que
c'est agréable de flâner dans les petites rues de Mandraki; on
reconnaît la fierté des gens au blanc éclatant de leurs maisons et
aux superbes dessins faits de galets noirs et blancs sur les parvis.
Au bout du village, une grande plage de roches noires nous offre un
joli concert alors que les cailloux roulent inlassablement sous les
vagues qui viennent s'y fracasser. Un petit effort, quelques
escaliers et on atteint le monastère de Panaghia Spiliani qui domine
la ville. Un autre effort et on arrive à l'acropole et ses remparts
qui datent du 4e siècle av. J.-C.
Le
lendemain matin, très tôt pour éviter la horde de touristes, nous
allons explorer le fameux volcan de Nysiros qui a fait éruption la
dernière fois en 1888. Le cratère est très impressionnant avec ses
4 km de large et ses 300 m de profond, un vrai paysage lunaire si ce
n'était du petit village d'Emporios bâti sur la crête du cratère
! Ici et là, des ouvertures dans le sol laissent échapper des
vapeurs d'eau et de souffre, le géant est bel et bien toujours
vivant ! Au fond du cratère, on peut voir la lave bouillir (100 C)
alors qu'au niveau du plancher du volcan, à 15550 m de profond, la
température atteint 350 C !
Patmos
Le monastère St-Jean à Patmos |
En
l'an 95, le disciple préféré de Jésus, Jean, qui prêchait à
Éphèse en Turquie est exilé sur Patmos par l'empereur Domitien. Il
vit dans une grotte pendant 3 ans et c'est par une fente de cette
grotte qu'il entendra la voix de Dieu lui dicter le Livre sacré de
l'Apocalypse qui constitue aujourd'hui le dernier livre du Nouveau
Testament.
C'est
au 11e siècle que le moine Christodule érige, près de la grotte et
sur le site d'une ancienne acropole, un monastère-forteresse en
l'honneur de St-Jean, le Théologien. Au 13e siècle, un village,
Chora, est construit autour du monastère pour permettre à ses
habitants de se réfugier rapidement dans la forteresse en cas
d'attaque de pirates. Parlant de pirates, la légende raconte que des
pirates qui avaient pillé le monastère et s'étaient appropriés
plusieurs de ses trésors ont vu leurs bateaux refuser de quitter le
port, impossible de partir; ce n'est que lorsqu'ils ont rendu au
monastère tous les trésors volés que leurs bateaux ont accepté de
quitter le port... !
Rhodes
Le Palais des Grands maîtres à Rhodes |
L'entrée dans le port
antique est impressionnante : la légende veut que le fameux
Colosse de Rhodes, l'une des 7 merveilles du monde antique, se soit
trouvé à cet endroit. Il s'agissait d'une statue géante en bronze
représentant le dieu du soleil tenant un flambeau allumé. Chacun de
ses pieds était posé sur l'un des portes du port, enjambant ainsi
les bateaux qui passaient en dessous. On recherche encore cette
statue qui fut renversée à la suite d'un terrible séisme; ces
recherches sont vaines puisque le colosse fut découpé en petits
morceaux et vendu au poids du bronze par les Sarrasins. À l'entrée
du port, se dressent maintenant fièrement la biche et le cerf, deux
statues de bronze, qui sont l'emblème de Rhodes.
Un peu en surplomb du
vieux port, resplendit le magnifique Palais des Grands Maîtres des
Chevaliers de Rhodes qui jouxte la vieille ville médiévale entourée
de grands remparts percés de portes magistrales, un ensemble unique
! C'est en 1309 que l'ordre des Chevaliers de Saint-Jean devint
souverain de l'île. Originaires de 8 pays (France, Provence,
Auvergne, Castille, Aragon, Angleterre, Allemagne et Italie), ils
avaient pour but premier la protection des lieux saints puis par la
suite l'aide aux pèlerins. C'est en remontant la célèbre et
imposante rue des Chevaliers bordée par les auberges de chacune des
nationalités que l'on atteint le monumental Palais des Grands
Maîtres. Les remparts de la ville construits par les chevaliers
résistèrent aux assauts du Sultan d'Égypte (1444) et de Mahomet II
(1480) mais la ville dut finalement se soumettre face à l'importante
armée de Soliman le Magnifique (1522) et les Chevaliers, peu
nombreux, capitulèrent et partirent à Malte. En 1912, Rhodes fut
envahie par les Italiens. Son rattachement à la Grèce eut lieu en
1948, en même temps que les autres îles du Dodécanèse.
Autre site intéressant
de l'île, le village de Lindos couronné par son acropole. Au pied
de l'acropole, on peut voir les vestiges du Château des Chevaliers
et ceux d'une église byzantine. Au sommet de l'acropole, on peut
visiter le Grand Portique qui a été restauré ainsi que le temple
d'Athéna datant du 4e siècle av. J.-C., le théâtre antique ainsi
que les vestiges du temple de Dionysos. La vue depuis le rocher de
l'acropole qui se dresse à 115 m au dessus de la mer est unique.
D'un côté, on domine la mer et la crique où l'apôtre St-Paul vint
prêcher et de l'autre, le village, ses ruelles et ses maisons
immaculées et une immense plage en demie lune.
Rhodes est l'une de nos
îles préférées. Même si elle est envahie par les touristes
durant l'été, il s' agit de s'écarter un peu des artères
principales à l'allure de souk arabe pour en découvrir tout le
charme et apprécier son architecture moyenâgeuse.
Symi
Symi la belle et ses maisons à l'italienne |
Au début du 20e siècle,
Symi comptait 30 000 habitants, était la capitale du Dodécanèse et
le plus grand centre de pêche d'éponge au monde. Aujourd'hui, avec
2 500 habitants, elle vit principalement du tourisme.
Panormitis et son
monastère dédié à l'archange St-Michel est célèbre à-travers
toute la Grèce, c'est un phare de la foi et de la culture grecque
orthodoxe. Situé dans une baie fermée de l'île de Symi, le
monastère a été érigé à la suite de la découverte d'un icône
sacré de l'archange St-Michel sur le site. Au cours des siècles, le
monastère est devenu un lieu de pèlerinage et de retraite très
fameux à cause des nombreux miracles qui y ont eu lieu. C'est en
1783 que le monastère a pris la forme actuelle; son imposant clocher
de style baroque-renaissance quant à lui date de 1911.
Enfin, un autre arrêt
spectaculaire à Symi est celui de la Baie St-Georges. Nous dormons à
l'ancre au pied d'une impressionnante falaise que les chèvres
locales n'hésitent pas à escalader pour trouver un peu de verdure à
mâchouiller; on ne se lasse pas d'observer leur progression dans la
paroi apparemment inaccessible ! Un 5 à 7 sur la plage ou un petit
feu de camp le soir venu sur la plage? La Baie St-Georges, un oasis
de calme bien apprécié après la frénésie de Rhodes.
Kalymnos
Kalymnos et la baie de Vathi avec ses centaines d'arbres fruitiers |
«Le nom de Kalymnos
est lié au monde des pêcheurs d'éponge. On imagine une jetée
remplie de caïques, ces grands bateaux de bois servant à la pêche
à l'éponge. La plage déborde de monde. C'est le jour du départ
des bateaux de pêche à l'éponge pour leur grand voyage. Il vont
aller jusqu'aux côtes de l'Afrique et, au risque de leur vie (les
décès ne sont pas rares), les jeunes hommes vont plonger dans les
profondeurs de la mer pour en extraire les éponges. Cette tradition
persiste depuis des siècles maintenant. Sur la plage, les femmes,
les vieux et les enfants agitent leurs mouchoirs et pleurent en
silence. Plusieurs mois vont s'écouler avant qu'ils ne revoient ces
jeunes qui les saluent depuis les caïques décorés. Les bateaux
feront trois cercles dans le port puis partiront en faisant retentir
leur sirène. On assiste à cette scène une fois par an uniquement.
Le reste du temps, les jours s'écoulent tranquillement à Kalymnos.
L'été est quand même très animé. Les touristes affluent, les
terrasses et les «tavernas» qui bordent le port de Pothia, le
chef-lieu, sont bondées le soir venu.»
À Kalymnos, on loue des
«scooters» et on fait un grand tour à la découverte de l'île. La
baie de Vathi, un oasis de verdure avec ses centaines d'arbres à
agrumes, principalement des mandariniers, est un joyau de l'île.
Quel contraste par rapport aux collines arides et grises qui
l'entoure ! Et qu'il fait bon se baigner dans sa crique profonde aux
eaux limpides puis d'aller dîner à la «taverna» sous les
bougainvilliers en fleur !
Un arrêt s'impose aussi
au monastère de Sallas, tout neuf celui-ci, il date de l'an 2000.
Dans les églises grecques, point de statues, mais de magnifiques
peintures et icônes qui couvrent tous les murs. Situé sur la
colline, il domine la ville et nous offre un beau point de vue sur le
port de Pothia où notre catamaran est amarré.
En passant, savez-vous
pourquoi les maisons des îles grecques sont peintes en blanc et
bleu, les couleurs du drapeau grec ? Ce fut une façon pour la
population d'afficher leur identité nationale alors que les îles
étaient occupées par les italiens de 1912 à 1948 et aussi de
réagir à la décision prise par ces derniers de fermer les écoles
grecques.
Leros
La baie de Pandelli à Leros, les moulins et le château |
Leros, un coup de cœur !
Quel décor ! À l'ancre dans la baie de Pandelli, on en a déjà
plein la vue ! Une petite route sinueuse bordée de moulins monte à
l'acropole haute perchée, comme toujours, sur un piton rocheux. Le
petit village tout blanc s'étale jusqu'au bord de la baie et les
«tavernas» posent leurs tables sur la plage le soir venu, quel
enchantement pour les yeux !
De l'acropole, qui date
du 7e siècle av. J.-C. on a une magnifique vue sur la baie opposée,
celle d'Aghia Marina. C'est là que nous mangerons ce soir, près du
moulin posé sur l'eau, au restaurant Mylos chez Kostas. Un pur
délice !
Leros, c'est aussi de
belles grandes baies bordées de grandes plages et de petites
chapelles toutes aussi typiques les unes que les autres. Notre
préférée, la chapelle des pêcheurs construite sur une petite île
qu'on atteint via un trottoir balayé par les vagues.
Kos
Les remparts de Kos |
Très touristique grâce
à son aéroport international, ses plages et sa vie nocturne
particulièrement appréciée des jeunes, Kos n'en demeure pas moins
une île riche en histoire. Habitée dès l'âge préhistorique,
c'est sur Kos que naquit en 460 av. J.-C. Hippocrate, connu
universellement pour avoir fondé la première école de médecine.
Au centre-ville de Kos, on peut d'ailleurs voir l'arbre d'Hippocrate,
plus de deux fois millénaire, sous lequel il enseignait à ses
élèves. Après sa mort (357 av. J.-C.), les habitants de Kos
construisirent en hommage au dieu Esculape (Asclépios), le fameux
Asclépion qui servit également d'hôpital et reçut des milliers de
patients, venus de toute la Méditerranée, lesquels furent soignés
selon les méthodes enseignées par Hippocrate.
Pserimos, Telendos, Arki
et Lipso
Coucher de soleil à Telendos |
Ces petites îles ne
peuvent certes pas rivaliser avec les précédentes en terme
d'histoire et de superficie et c'est là tout leur charme.
Minuscules, parfois sans vraie route comme à Telendos et Pserimos,
mais avec de belles baies, des plages secrètes, plus de chèvres que
d'habitants et surtout, la grande détente. Rien à faire d'autre que
de se baigner, se balader sur les petits sentiers et, le soir venu,
déguster un mets grec typique à la «taverna» familiale, pieds nus
dans le sable. Quoi demander de plus? Du pur bonheur !